Résumé :
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Le phénomène jihadiste englobe plusieurs paramètres, ne pouvant se réduire à un seul. Dans cet article, nous privilégierons quelques aspects, l’étudiant comme et à partir des discours dans un environnement spécifiques : la France. On ne peut conférer la même analyse du phénomène qui surgit dans différents pays, car il dépend du contexte. On n’est pas jihadiste pour les mêmes raisons, selon qu’on soit français, anglais, américain, occidental ou oriental, ce qui n’empêche pas de repérer des points communs quoique chaque fois soit mobilisée la singularité des sujets. Le jihadisme est surtout le reflet d’un monde en crise, une modalité du «soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur, […] l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu » (Marx, 1843). Ne gagnerait-on pas à envisager ces ressortissants à partir de ce que Freud désigne comme des «mal convertis ?" En effet, cet article récuse l’expression « radicalisation », mot enfermant annihilant la dimension subjective et singulière, à l’image du langage transparent du libéralisme. En chiffrant le niveau de radicalisation (peu radicalisé, moyennement radicalisé, très radicalisé), on ouvre la voie à une clinique de désendoctrinement qui n’est autre qu’une radicalisation à l’envers, vision binaire s’il en est. C’est pourquoi nous proposons d’abord de remplacer le mot « radicalisé » par « mal converti ». Ensuite, pour étudier les raisons de la conversion, nous analyserons les caractéristiques suivantes avec lesquelles le sujet doit se débrouiller : la déculturation et l’absence d’autorité, la laïcité, la marginalisation dans une société néo--libérale qui n’offre ni sens ni utopie.
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