Résumé :
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Depuis la fin du deuxième millénaire, dans de nombreux pays industrialisés, les progrès technologiques mis au service du diagnostic anténatal exposent publiquement un nouvel acteur, le fœtus, resté jusque-là en Occident dans l’intimité du sein maternel à l’abri d’une invisibilité sacrée. Cette médicalisation grandissante de la grossesse maternelle et la personnalisation du fœtus s’accompagnent d’un constant risque de déshumanisation et de scientisme iatrogènes des soins. Indissociable de son enracinement interdisciplinaire et du dialogue entre « somaticiens » et « psychistes », la naissante psychologie clinique fœtale a pour objet privilégié ce paradoxe et ses multiples tensions éthico-cliniques quotidiennes. Dans sa phase émergente, la psychologie clinique fœtale s’organise autour de trois espaces/temps de rencontre emblématiques : la dialectique du devenir parent et du naître humain ; les procédures médicales de la grossesse en général, et le diagnostic anténatal en particulier ; les consultations thérapeutiques anténatales. Les enjeux théoriques, cliniques, institutionnels et éthiques des deux premiers éléments de ce tryptique sont ici explorés (la consultation thérapeutique prénatale fait l’objet d’un autre article). Au final, la psychologie clinique fœtale revendique aujourd’hui un fort potentiel heuristique en périnatalité, mais pas seulement : tous les âges de la vie bénéficieront à l’avenir d’une anamnèse attentive de ce premier chapitre anténatal qui se trouve au cœur du fonctionnement biopsychique du sujet et de ses échanges relationnels toute sa vie durant.
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